Philosophe grec (384 av. J-C - 322 av. J.-C). L'œuvre d'Aristote et celle de Platon sont aussi semblables et aussi éloignées l'une de l'autre que les deux pôles de la terre. Elles représentent les deux pôles de la pensée occidentale. On ne peut les comprendre sans les comparer l'une à l'autre. Ainsi en est-il de la vie de Platon et de celle d'Aristote. Platon tire de la contemplation des idées séparées l'inspiration nécessaire au gouvernement de cette cité qui fut pour lui l'objet d'un souci constant. Aristote s'est consacré à l'observation de la nature, des hommes, de leurs cités, avec détachement, sans se soucier d'assurer le triomphe de ses idées sur la place publique. Par l'intermédiaire d'Alexandre, dont il fut le maître, il aura pourtant plus d'influence que Platon sur le cours de l'histoire. Le disciple de Platon que l'on pourrait comparer à Alexandre, Dion de Syracuse, échoua dans sa tentative pour devenir le philosophe roi dont rêvait Platon. Mais si Dion fut trop pur, Alexandre ne le fut pas assez. En tant qu'éducateur des princes, Platon et Aristote ont pu de leur vivant connaître leurs limites.
Les principes: critique et causalité
Pour Aristote, il n'y a pas, comme dans la philosophie de Platon, d'un côté un monde intelligible et de l'autre un monde sensible qui participerait au premier, mais il existe une seule réalité séparée en monde supralunaire, au-delà de la sphère de la lune, céleste, parfait et immuable, et sublunaire, au-dessous de la lune, lieu des choses imparfaites, soumises à la corruption et à la génération, à la contingence. Aristote ne nie donc pas la coupure platonicienne, il la déplace de telle sorte que l'intelligible n'est plus transcendant au monde mais en constitue une partie.
C'est en ce sens que la théorie de Idées se révèle inutile pour Aristote, de même qu'elle ne peut constituer la condition de possibilité de la science sous peine de tomber dans des contradictions insurmontables : les Idées doivent en effet être