Chapitre 1 et 2 le rire de bergson
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Henri Bergson – Le Rire
Paru en 1900, l’Essai sur la signification du rire analyse le fonctionnement du rire. Bergson part de trois observations pour expliquer le phénomène comique. Il appelle d’abord l’attention sur le fait qu’« il n’y a pas de comique en dehors de ce qui est proprement humain. Un paysage pourra être beau, gracieux, sublime, insignifiant ou laid ; il ne sera jamais risible. On rira d’un animal, mais parce qu’on aura surpris chez lui une attitude d’homme, ou une expression humaine ». L’homme n’est donc pas seulement un animal qui rit, mais un animal dont on rit. Bergson signale ensuite que rire suppose une certaine forme d’« insensibilité », c’est-à-dire que le rire peut survenir dans le cadre d’une atmosphère tendue, ce qui explique que Charlie Chaplin, le visage impassible, puisse inciter à rire alors que sa vie de clochard est pénible. La dernière assertion du philosophe repose sur le fait que le rire ne peut éclater que dans le cadre d’une conscience commune : « Notre rire est toujours le rire d’un groupe », on ne rit pas tout seul ! Le rire est donc une activité sociale – c’est l’adage suivant lequel la comédie « châtie les mœurs en riant » – tout autant que culturelle. Nombre d’effets comiques sont intraduisibles d’une langue à l’autre, parce qu’ils sont « relatifs aux mœurs et aux idées La Ruée vers l’or (The Gold Rush) est un film amérid’une société particulière ». cain de Charles Chaplin, sorti en 1925.
Ces considérations posées, Bergson établit sa thèse selon laquelle la vie est un mouvement permanent, fluide et continu. Un homme qui marche est banal, mais s’il trébuche et tombe, sa maladresse donne à son mouvement une raideur mécanique et produit le rire. En cela, le rire est « du mécanique plaqué sur du vivant », c’est-à-dire qu’il provient d’une rupture dans la fluidité du mouvement. Ce qui fait rire est l’introduction d’un élément qui provoque la surprise dans la continuité. L’homme rit donc