Commentaire hume
Commentaire de l’extrait
Le premier paragraphe de notre extrait est une attaque contre la thèse cartésienne de l’identité personnelle établie par l’activité de la pensée (ou ce que nous pourrions appeler, en termes anachroniques, la conscience réflexive). On en trouve la démonstration dans la Seconde Méditation, « De la nature de l’esprit humain ; et qu’il est plus aisé à connaître que le corps ». Ce que Hume a lu dans cette Méditation et qui a retenu son attention, c’est d’abord l’immédiateté et l’évidence avec laquelle Descartes rend compte du « Ergo sum, ergo existo ». Ce qui n’est pas immédiatement remis en question par Hume, c’est l’existence du sujet et le fait que celui-ci aie la pensée pour attribut ; comme lorsque Descartes écrit « je trouve ici que la pensée est un attribut qui m’appartient » (p.77). Je suis bien en train de penser quand je met en oeuvre le doute radical, et ce je c’est bien moi. Ce que Hume se refuse à admettre ici, c’est que l’âme soit le principe d’individuation de l’homme. Il se refuse à admettre que la conscience soit si limpidement réflexive :
Hume ne croit pas que nous soyons à nous-mêmes immédiatement transparents.
Ce qui sera nommé plus tard dans la tradition philosophique l’activité réflexive de la conscience, pour Descartes elle est immédiate. Mais surtout elle est continue, c’est-à-dire que la conscience se révèle comme phénomène homogène et quasi persistant dans le temps (au sens scientifique du terme) : « Je suis, j’existe : cela est certain ; mais combien de temps ? A savoir autant de temps que je pense » (p.77).
Cette notion de persistance dans le temps se rapporte à ce que l’on appelle le critère de continuité spatio-temporelle, c’est-à-dire un des critères classiques de l’identité
(l’identité comme notion existentielle est mise en évidence par Aristote dans la
Métaphysique). La conscience ainsi conçue ne peut en effet qu’être le siège du moi, c’est à