Diderot
→ Questions préparatoires
1/ Quelles remarques avez-vous à formuler sur la structure de ces deux chapitres? Pourquoi Diderot a-t-il disjoint les deux fragments du dialogue entre Orou et l'aumônier? Qu'apporte la quatrième partie à ce qui précède?
2/ Quel sens donnez-vous à l'épisode Polly Baker?
→ Éléments de réponse 1/ Réflexion sur la structure des chapitres III et IV À première vue, on peut s'étonner que Diderot ait séparé en deux un dialogue mené, sur le même propos, par les mêmes interlocuteurs. Le chapitre III expose les contradictions occidentales en matière de religion, de relations entre les sexes et de lois, puis les solutions tahitiennes; le chapitre IV poursuit l'exposé des mœurs sauvages: a priori, la ligne de rupture aurait pu passer entre les problèmes et leurs solutions, c'est-à-dire au milieu du chapitre III. Diderot fait un choix autre: il oppose général et particulier dans une structure en chiasme: Occident - Tahiti / Tahiti - Occident. Au chapitre III et pour les deux sociétés les règles générales, au suivant, les cas particuliers, qui correspondent en fait aux objections de l'aumônier devant l'idéalisation de la vie tahitienne (qu'en est-il du libertinage, de la stérilité, de la laideur, de la jalousie, de l'inceste, etc. ?). Le chapitre se clôt sur une pique du sauvage contre les moines occidentaux. Le quatrième chapitre présente donc l'intérêt de remettre en question l'utopie tahitienne, puisqu'elle expose certaines difficultés qui ne peuvent manquer de surgir en matière de rapports entre hommes et femmes. L'aumônier y présente quelques objections au système, ce qui permet à Orou d'apporter des précisions sur des sujets sensibles. Mais on ne saurait considérer comme l'avis de Diderot sur la question des affirmations provocatrices qui légitiment l'inceste par l'exemple des enfants d'Adam et d'Ève ou réduisent le viol à une « injure légère» ! Comme pour le discours