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La poésie satirique et la critique du contemporain
Objets d’étude : Poésie & Question de l’homme (G.T.)
Lectures analytiques
Texte 1. Du Bellay, Les Regrets, 1558, «Seigneur, je ne saurais regarder d’un bon œil »
Seigneur, je ne saurais regarder d’un bon œil
Ces vieux singes de cour, qui ne savent rien faire,
Sinon en leur marcher les princes contrefaire,
Et se vêtir, comme eux, d’un pompeux appareil.
Si leur maître se moque, ils feront pareil,
S’il ment, ce ne sont eux, qui diront le contraire
Plutôt auront-ils vu, afin de lui complaire,
La lune en plein midi, à minuit le soleil.
Si quelqu’un devant eux reçoit un bon visage,
Ils le vont caresser, bien qu’ils crèvent de rage,
S’il le reçoit mauvais, ils le montrent du doigt.
Mais ce qui plus contre eux quelquefois me dépite,
C’est quand devant le roi, d’un visage hypocrite,
Ils se prennent à rire et ne savent pourquoi.
Texte 2. La Fontaine, Fables, 1668-1694, VIII, XIV, « Les Obsèques de la Lionne »
La femme du Lion mourut :
Aussitôt chacun accourut
Pour s’acquitter envers le Prince
De certains compliments de consolation,
Qui sont surcroît d’affliction.
Il fit avertir sa province
Que les obsèques se feraient
Un tel jour, en tel lieu ; ses prévôts y seraient
Pour régler la cérémonie,
Et pour placer la compagnie.
Jugez si chacun s’y trouva.
Le Prince aux cris s’abandonna,
Et tout son antre en résonna.
Les Lions n’ont point d’autre temple.
On entendit à son exemple
Rugir en leur patois Messieurs les courtisans.
Je définis la cour un pays où les gens
Tristes, gais, prêts à tout, à tout indifférents,
Sont ce qu’il plaît au Prince, ou s’ils ne peuvent l’être,
Tâchent au moins de le parêtre,
Peuple caméléon, peuple singe du maître,
On dirait qu’un esprit anime mille corps ;
C’est bien là que les gens sont de simples ressorts.
Pour revenir à notre affaire
Le Cerf ne pleura point. Comment eût-il pu faire ?
Cette mort le vengeait : la Reine