Le motif de la couture dans Les Mains Libres
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Les deux artistes, Paul Eluard et Man Ray sont étroitement liés à l’univers de la couture étant donné que la mère du premier possédait un atelier de couture et celle du second confectionnait des vêtements pour la famille et son époux dirigeait une petite entreprise de confection. Cet univers apporte donc une épaisseur plus personnelle et voir intime. De plus la couture renvoie à une forme de création manuelle qui se veut minutieuse et précise, à l’instar du dessin, l’art de prédilection de Man Ray. Dans le recueil, la couture sert de métaphore à différent « thème ». Dans « Fil et Aiguille », elle est assimilée à la création, à l’invention infinie de par le poème explicite : « sans fin donner naissance » v.1, et l’anaphore « A des » v.2 et 3 qui suggère un ressassement. On retrouve cette idée de création dans « Femme portative » ; la femme est objetisée sous l’allure d’un pantin articulé que l’on peut faire et défaire au grès de ses envies. Dans « Solitaire » et « Le sablier compte-fils », ce motif s’apparente à l’emprisonnement, à un certain repli sur soi même qui sont des thèmes récurrents chez les surréalistes. On retrouve toujours la femme à travers tous ces dessins, et parfois dans des postures érotiques comme dans « La couture » et « Le sablier compte-fils » qui peuvent aussi renvoyer à l’absence de l’être aimé. Le dessin de l’ensemble « Belle main » et le poème de l’ensemble « Le temps qu’il faisait le 14 mars » possèdent des allusions à la couture. D’une part on aperçoit une métonymie de la couturière et des cheveux fins qui se réfèrent au fil et d’autre part, le motif de la couture sert à imager l’atmosphère d’un moment précis :
« Les aiguilles du midi
Cousent la traîne du matin ». La couture possède donc de multiples significations dans ce recueil : la fabrication, la solitude, ou encore l’absence.