Le rêve de Bergson
« Le rêve » est un court texte de Bergson tiré d’une conférence qu’il a prononcée en 1901, et que l’on peut retrouver dans Le recueil intitulé L’energie spirituelle.
Il s’agit de comprendre ce qu’est un rêve, ou plutôt comment se forme le rêve.
« Voici donc un rêve. Je vois toute sorte d’objets défiler devant moi ; aucun d’eux n’existe effectivement. Je crois aller et venir, traverser une série d’aventures, alors que je suis couché dans mon lit, bien tranquiellement. Je m’écoute parler et j’entends qu’on me répond ; pourtant je suis seul et je ne dis rien. D’où vient l’illusion ? Pourquoi perçoit-on, comme si elles étaient réellement présentes, des personnes et des choses ? ». Bref, d’emblée, Bergson met l’accent sur le caractère apparemment totalement illusoire du rêve, qu’il va ensuite s’evertuer à relativiser. Est-il ainsi vrai que le cerveau ne part de rien ? Plus précisément, part-on d’un néant perceptif pour former nos rêves ? Le rêve ne se compose-t-il pas notamment à partir de ce que nous continuons de percevoir durant notre sommeil ? « Une certaine matière sensible n’est-elle pas offerte à la vue, à l’ouïe, au toucher, etc., dans le sommeil comme dans la veille ? » En ce sens, le rêve ne serait déjà plus tout à fait une illusion…
La base perceptive
Que se passe-t-il quand on ferme les yeux ? Spontanément, on serait tenté de répondre que l’on « perçoit » un fond noir, c’est-à-dire rien. Mais si l’on fait d’avantage attention, on s’aperçoit rapidement qu’il y a une sorte de poussière lumineuse, des tâches colorées : des phosphènes. Quelle qu’en soit l’origine physiologique, l’important pour Bergson est que ce fond visuel « fournit, sans aucun doute, l’étoffe où nous taillons beaucoup de nos rêves ». Autrement dit, c’est notamment de ces premiers objets offerts à la perception que sont les phosphènes que partirait l’élaboration de nos rêves. Ainsi, le rêve se construit-il entre autre en partant de perceptions visuelles.