Les âmes grises - quel regard sur la grande guerre ?
« La Grande Guerre » a marqué l’Histoire et il est donc tout à fait logique que les arts, et plus particulièrement la littérature, s’emparent du sujet. Ces vingt dernières années, l’écriture de fictions historiques a pris le pas sur la publication de témoignages pour rendre compte du quotidien de l’époque avec un certain succès auprès du public. Des auteurs qui ont grandi sans connaître la guerre, sans la vivre, s’interrogent aujourd’hui sur cet événement majeur à travers des romans ou des nouvelles à caractère fictif.
C’est le cas du livre de Philippe Claudel, « Les Âmes grises », paru en 2003.
Dans quelles mesures l’œuvre de Claudel illustre-t-elle une certaine tendance de « la » littérature inspirée de la Grande Guerre pour laquelle se manifeste un réel engouement des lecteurs ?
Il convient d’évoquer dans un premier temps la place occupée par le conflit armé dans « Les Âmes grises » pour mieux ensuite définir le regard contemporain porté sur la guerre de 14-18 et finalement analyser les clés d’un succès critique auréolé de plusieurs prix littéraires.
Écrit à la première personne, le roman de Philippe Claudel est la confession d’un homme qui revient sur une période de sa vie, lorsque, policier, il fut chargé d’enquêter sur « l’Affaire », le meurtre d’une fillette surnommée Belle de Jour. La découverte du corps un matin de décembre 1917 constitue le point de départ d’une intrigue qui ballade le lecteur dans le temps au fil de digressions multiples qui ne prendront leur