Mission civilisatrice

1020 mots 5 pages
La persistance dans les manuels d’un point de vue européocentré et statique pour définir la « mission civilisatrice » a pour conséquence de réduire la portée de la critique de cette notion faite à juste titre par ces ouvrages. Le scandale de la « mission civilisatrice » réside certes en ce qu’elle repose sur la croyance en la hiérarchie des cultures. Les Européens ne sont pas supérieurs aux autres. Mais la critique ne va guère plus loin. L’argument reste négatif, comme en creux. On en appelle finalement plus à l’indignation d’ordre moral qu’à l’argument proprement historique, qui est pourtant assez simple à mobiliser. Le deuxième terme de la comparaison entre les Européens et les « autres » n’est jamais clairement évoqué, il n’y a aucune indication sur le fait qu’il existe des cultures et des sociétés complexes, là où Victor Hugo ne voyait qu’un « bloc de sable et de cendre, monceau inerte et passif » (21) . Sans recherche l’exhaustivité, pourquoi ne pas présenter une société ou un Etat africain à la veille de la conquête coloniale ? N’est-ce pas là une manière d’éviter que des élèves ne retiennent, même inconsciemment, les stéréotypes du XIXe siècle à propos d’une Afrique déchirée entre roitelets cannibales, ou de leur donner des arguments pour qu’ils puissent remplacer la tabula rasa, invoquée par bien des membres du parti colonial, par quelques exemples d’organisations politiques, économiques et sociales africaines fort élaborées. Des manuels d’histoire de l’Afrique au XIXe siècle fort accessibles peuvent nourrir cette information à propos du choc colonial (22) .
Par ailleurs, la critique de la « mission civilisatrice », non plus dans sa justification, mais dans ses œuvres pourrait être beaucoup plus radicale. Les manuels montrent certes que les Européens n’ont pas apporté avec eux sur le plan politique la liberté et l’égalité annoncées, Voyage au Congo de Gide à l’appui. Pourquoi se limiter d’ailleurs à des sources littéraires, à des fictions, qui ont même

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