La théorie du roman
Georg LUKACS (accent aigu sur le « a » !)
Editions Gallimard
Chapitre 2 : Le romantisme de la désillusion

« Pour le roman du XIXème siècle, [la] relation nécessairement inadéquate entre l’âme et la réalité qui a pris plus d’importance [est] l’inadaptation qui tient à ce que l’âme est plus large et plus vaste que tous les destins que la vie peut lui offrir.
Il s’agit donc ici d’un a priori concret, qualitatif et riche en contenu, un combat entre deux mondes et non d’une lutte entre la réalité et l’a priori en général » (p.109)

« Alors que la structure psychique de l’idéalisme abstrait se caractérisait par un excès d’activité, on trouve ici bien davantage une tendance à la passivité, la tendance à esquiver plutôt qu’à assumer les conflits et les luttes extérieures, la tendance à en finir, au dedans de l’âme et par ses propres forces, avec tout ce qui peut l’affecter.
C’est dans cette possibilité même que réside la problématique qui caractérise cette sorte de roman : la perte de toute symbolisation épique, la dissolution de la forme en une succession nébuleuse et in structurée d’états d’âme, le remplacement de l’affabulation concrète par l’analyse psychologique » (p.110)

« Pour le destin intérieur de l’individu, la profession ne signifie plus rien, ni davantage pour celui des relations humaines, le mariage, la famille, la classe [alors que] dans la Comédie Humaine, la possession démonique de tous les hommes se concentre et s’objective dans les structures de la vie sociale » (p.111)

« L’importance intérieure de l’individu a ici atteint, du point de vue historique, son point culminant ; (…) c’est en lui-même et en lui seul qu’il porte sa valeur et il semble même que les valeurs de l’être ne trouvent leur justification que pour autant qu’elles aient d’abord été subjectivement vécues, qu’à partir de leur signification pour l’âme de l’individu.
L’homme qui par son aptitude intérieure à une expérience vécue et à une structuration de la