Vertus et dérives du sport, PIERRE ARNAUD, 2001 De leur naissance au XIXe siècle à leur large démocratisation au XXe, les pratiques sportives ont fini par concerner tous les secteurs de la vie sociale, éducative, culturelle, économique et politique. À ce titre, elles s’inscrivent bien dans les turbulences du dernier siècle.

L’invention du sport moderne en France découle de la conquête des sports anglais, au milieu du XIXe siècle. Pratiquée par la noblesse et la grande bourgeoisie, la greffe sportive, qui prend à Paris et dans quelques villes balnéaires, trouve d’abord sa signification dans une culture du loisir et du paraître que soulignent l’usage du vocabulaire anglais et le goût pour les mœurs de l’hippodrome. De même que le mode de vie mondain, le high life, leur fait tenir salon ou aller au théâtre, les sportsmen et les sportswomen français s’adonnent à l’équitation, à l’escrime, au rowing (aviron), au polo, au lawn-tennis, au golf, au yachting...
ANGLOMANIE ET ÉLITISME
Bien avant que le cyclisme ou la course à pied se popularisent, au début du XXe siècle, ces notables sportifs s’organisent. Ainsi sont créés le Jockey Club (1834), le Yacht Club de France (1867), le Club alpin français (1874). Après 1870, des clubs et des sociétés sont fondés par des Anglais à Paris, Lyon, Pau, Bordeaux. Ainsi, le Lyon’s Cricket Club naît de l’initiative d’employés anglais de la soierie, appuyés par le consul d’Angleterre. Ils sont rejoints par la grande bourgeoisie locale lorsque le club se francise en devenant le Tennis Club de Lyon (1900). Au Havre en 1872, à Paris en 1875, ce sont encore des Britanniques qui fondent Le Havre Athletic Club et le Club des coureurs.
Les lycéens français s’approprient rapidement la mode des sports. En 1888 naît véritablement le mouvement athlétique scolaire. Avec la bénédiction de la Ligue de l’enseignement et de Pierre de Coubertin qui déclare qu’« il faut absolument tailler dans l’éducation française une place au sport » (L’Éducation