Voltaire et l’affaire Calas

Dans l’affaire Calas, Voltaire se manifeste comme un combattant farouche et obstiné. Il lutte contre l’injustice aveugle et le fanatisme religieux qui aveugle la justice, en somme il lutte aussi, par l’ingéniosité et la beauté de son style, contre l’aveuglement de l’injustice. Il ne descend pas seulement jusqu’au champ de bataille pour dévoiler les ténèbres, mais il creuse sous leur terrain pour les déraciner. Il défend la cause de Jean Calas qui est condamné à mort et exécuté à tort. Voltaire dénonce les abus. Il force la lumière dans les ténèbres. À ses proches qui lui reprochaient de se ruiner la santé pour cette affaire Calas, Voltaire répondit : « Un philosophe ne doit pas seulement plaindre les malheureux, il doit les servir ! »
Voltaire se lance corps et âme dans cette lutte pour la justice à l’occasion de la mort de Jean Calas. Il fait éclater de sa plus haute voix un cri humanitaire contre les traitements inhumains. C’est ce cri dont le public se saisit et qu’il n’est pas prêt à oublier. C’est ce cri que la cruauté abusive de l’Inquisition ne put étouffer, que lui-même ne voulut pas taire malgré les risques qu’il comportait. C’est ce cri qui retentira toujours dans l’histoire de la pensée et dans celle de la liberté humaine. C’est encore ce cri dont l’écho lui parviendra en témoignage de reconnaissance par une foule parisienne assemblée sous sa fenêtre, lors de sa dernière visite à Paris alors qu’il était âgé de quatre-vingt quatre ans, tandis qu’il croyait être déjà oublié, passé de mode et vieilli : « Vive Voltaire ! Vive le sauveur des Calas ! »
Grâce à Voltaire l’affaire Calas fit beaucoup de bruit et fit couler beaucoup d’encre. Certes, le triomphe de Voltaire en cette affaire est un triomphe d’honneur et non de fait. Le triomphe de Voltaire dans l’affaire Calas ne consiste pas à avoir sauvé la tête de Calas, puisque celui-ci avait déjà été brûlé vif lorsque Voltaire apprend – un peu trop tard – son histoire et que