L'ironie
Trois approches
Nous pouvons considérer trois approches différentes de l’ironie: 1. Approche polyphonique (locuteur/énonciateur): Ducrot 2. Approche de l’ironie comme emploi prétendu: Clark et Gerrig, Kumon-Nakamura, Glucksberg et Brown 3. Approche de l’ironie comme emploi échoïque: Sperber et Wilson
L’ironie selon Ducrot (1984)
Un locuteur (L) parle de façon ironique lorsqu’il exprime, dans son énoncé, la position d’un énonciateur (E), sans la prendre en charge (L n’est pas assimilé à E) et en exprimant son caractère absurde. C’est cette attitude dissociative, adoptée tacitement par le locuteur, qui permet d’expliquer l’aspect paradoxal de l’ironie.
L’ironie selon Kumon-Nakamura, Glucksberg et Brown (1995)
Ce groupe de linguistes adopte la théorie de Sperber et Wilson (1978), à savoir que l’ironie est à interpréter comme un écho à des pensées ou à des propos attribués, réels ou imaginaires, en ajoutant cependant deux conditions à la réalisation de l’ironie: - allusion à une attente déçue - faire preuve d’insincérité pragmatique
L’insincérité ironique consiste à transgresser certaines conditions de l’acte illocutoire. Ainsi, dans une question ironique comme:
1) Quel âge as-tu?
il y a violation des conditions de satisfaction d’une question. La question n’est en effet pas posée en vue d’obtenir une réponse.
Emploi échoïque et emploi prétendu
Wilson (2006) distingue deux façons de voir l’ironie: comme emploi échoïque, dans lequel le locuteur adopte implicitement une position dissociative par rapport à un énoncé attribué, soit comme emploi prétendu, dans lequel le locuteur feint d’accomplir un acte de langage en attendant de l’auditeur/lecteur qu’il y décèle une attitude critique ou moqueuse.
2) L’entretien s’est bien passé. (Marie après un entretien difficile)
Interprétation de (2) comme emploi échoïque (Sperber et Wilson): Le locuteur fait écho à une pensée ou à des propos antérieurement prononcés