l'homme qui courait après la fortune
« L’Homme qui court après la Fortune, et l’Homme qui l’attend dans son lit » deux amis se séparent car l’un d’eux désire voyager :
Si nous quittions notre séjour ?
Vous savez que nul n'est prophète
En son pays : cherchons notre aventure ailleurs.
Cherchez, dit l'autre Ami, pour moi je ne souhaite
Ni climats ni destins meilleurs.
Contentez-vous ; suivez votre humeur inquiète ;
Vous reviendrez bientôt. Je fais vœu cependant
De dormir en vous attendant.
(V. 25-32.)
Derrière ces deux amis se dessine le schéma du sage invitant un jeune homme à réaliser son voyage initiatique dont il tirera l’enseignement de la sagesse. La Fontaine porte un regard bienveillant et quasi paternel envers cet homme qui avance dans l’apprentissage de la vie. Le fabuliste fait preuve d’indulgence et laisse à l’homme le temps d’évoluer sur le chemin qui mène à la sagesse comme le montre le ton du récit des péripéties :
Il renonce aux courses ingrates,
Revient en son pays, voit de loin ses pénates,
Pleure de joie, et dit : Heureux qui vit chez soi ;
De régler ses désirs faisant tout son emploi.
[...] Désormais je ne bouge, et ferai cent fois mieux.
En raisonnant de cette sorte,
Et contre la Fortune ayant pris ce conseil,
Il la trouve assise à la porte
De son ami plongé dans un profond sommeil.
(V. 74-87.)
La Fontaine épargne le jeune apprenti et écarte tout tragique de sa morale qu’il préfère doter d’une fin heureuse avec l’acquisition de la sagesse. Cette sympathie envers ces êtres en quête de sérénité se retrouve dans la fable « Les Deux
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