la politique et la vérité
La politique est-elle un domaine de vérité ? Il faut pour résoudre ce sujet commencer par sortir des lieux communs, qui se contentent d’affirmer par dépit que les hommes politiques, une fois arrivés au pouvoir, ne tiennent jamais leurs promesses électorales, ce qui est un propos factuel et non une analyse. La politique est la gestion de la cité et ne saurait se réduire à la manière dont les gouvernants l’exercent. La vérité est pour sa part définie depuis Saint Thomas par l’adéquation entre l’esprit humain et le réel objectif hors de lui. Quant au « domaine de vérité », il évoque la dimension pratique et non pas métaphysique ou bien encore absolue de la vérité ; cette expression « domaine de vérité » a deux sens et désigne soit un domaine d’explication virile dans le but de l’emporter, autrement dit le résultat d’un rapport de force et de domination, qui comme en sport attend un vainqueur, soit au contraire la recherche de la vérité hors de tout rapport de force ou de domination, selon un accord universel et pérenne entre toutes les parties en présence. Or, l’ambiguïté de l’expression « domaine de vérité » recoupe et croise l’ambiguïté de la politique elle-même, qui est d’une part porteuse de l’intérêt général comme nul autre domaine, puisqu’il est le seul qui concerne tout un chacun, qu’il le veuille ou non, et d’autre part le fruit de la défense souvent mesquine et voilée des intérêts particuliers de ce que Marx appelait « la classe dominante », sous couvert justement de la recherche de l’intérêt général. Et la gauche au pouvoir en France ne dément jamais cette ambiguïté, comme en témoigne l’actuel « pacte de responsabilité » du Président François Hollande. Autrement dit, la politique est de manière problématique tout autant le domaine de la recherche d’un accord acceptable et négocié entre toutes les parties, que le domaine de vérité de l’inévitable arbitrage gouvernemental en faveur des puissants.
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