Descartes

1121 mots 5 pages
Bien que chacun de nous soit une personne séparée des autres et dont, par conséquent, les intérêts sont en quelque façon distincts de ceux du reste du monde, on doit toutefois penser qu'on ne saurait subsister seul, et qu'on est, en effet, l'une des parties de l'univers, et plus particulièrement encore l'une des parties de cette terre, l'une des parties de cet Etat, de cette société, de cette famille, à laquelle on est joint par sa demeure, par son serment, par sa naissance. Et il faut toujours préférer les intérêts du tout, dont on est partie, à ceux de sa personne en particulier ; toutefois avec mesure et discrétion, car on aurait tort de s'exposer à un grand mal, pour procurer seulement un petit bien à ses parents ou à son pays ; et si un homme vaut plus, lui seul, que tout le reste de sa ville, il n'aurait pas raison de se vouloir perdre pour la sauver. Mais si on rapportait tout à soi-même, on ne craindrait pas de nuire beaucoup aux autres hommes, lorsqu'on croirait en retirer quelque petite commodité, et on n'aurait aucune vraie amitié, ni aucune fidélité, ni généralement aucune vertu ; au lieu qu'en se considérant comme une partie du public, on prend plaisir à faire du bien à tout le monde, et même on ne craint pas d'exposer sa vie pour le service d'autrui, lorsque l'occasion s'en présente.
Descartes, Lettre à Elisabeth Ce texte de Descartes (XVIIe s.) pose le problème du rapport adéquat entre l’individu et la collectivité. Ses enjeux sont à la fois moraux et politiques.
Il se situe à une époque charnière de la philosophie morale et politique : dans l’Antiquité et au Moyen Age, la conception dominante est « holiste », elle considère que le tout (to holon) est plus important que la partie. A l’époque moderne, l’individualisme s’impose progressivement, à la fois dans les représentations morales (les droits de la personne sont le socle des valeurs morales des modernes) et politiques (le droit doit défendre les droits des individus et leurs libertés contre

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