Le premier ministre est il un triste sire ?
Après la défaite de Napoléon Bonaparte, Talleyrand fut le premier à porter le titre de « Premier ministre ». Depuis lors, ni la Restauration, ni Louis-Philippe, ni le Second Empire ne reconnurent à ce personnage d'autre fonction que celle d'homme de confiance du monarque: le premier des ministres, pas davantage, et révocable à merci. Le roi, l'Empereur gouvernaient.
Sous la IIIème République, le Premier ministre s'appela président du Conseil. Ignoré de la Constitution de 1875, ce dernier apparut vite comme le personnage central du régime, le véritable chef de l'exécutif, tandis que le président de la République s'effaçait.
A l’origine, le Premier ministre est révocable à merci. D’après Jaques Chaban-Delmas, le Premier ministre qui refuserait de se rendre à la demande du chef de l’Etat serait « un triste sire ».
Un triste sire est par définition, un individu non recommandable, peu estimable, moralement douteux.
Il convient de se demander : le Premier ministre peut il être considéré comme un « triste sire » s’il ne se conforme pas à la volonté du Président de la république ?
I. Le statut du Premier ministre : l’homme de confiance du président
• A. La nomination présidentiel du Premier ministre
L’article 8 de la Constitution prévoit que le Président de la République nomme le Premier ministre et met fin à ses fonctions après la présentation par celui-ci de la démission du gouvernement.
En effet, lors de sa prise de fonction le Premier ministre remet une lettre de démission non datée. Le président de la république peut donc forcer le Premier ministre à démissionner sauf en période de cohabitation.
Le décret de nomination par le Président de la République est discrétionnaire et propre, pour des raisons qui tiennent à la nature de l’acte. Les conditions politiques de la nomination du Premier ministre ont été sensiblement modifiées. Jusqu’en 1986, tous les Présidents de la République